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De l’Irlande au Portugal, la zone euro de nouveau ébranlée

De l’Irlande au Portugal, la zone euro de nouveau ébranlée

    Herman Van Rompuy estime que l’Europe monétaire et donc toute l’Union jouent leur “survie”. Un petit vent de panique a de nouveau soufflé hier sur les marchés financiers en raison de la résurgence de craintes à propos de la zone euro. Des rumeurs circulaient sur un plan d’aide pour l’Irlande voire le Portugal alors qu’un Eurogroupe réunissant les ministres des Finances de la zone euro avait lieu en fin d’après-midi. "La Commission travaille de concert avec la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international et bien entendu les autorités irlandaises en vue de résoudre les graves problèmes du secteur bancaire irlandais", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, en arrivant à la réunion des grands argentiers de l’Union monétaire. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a rajouté au climat d’inquiétude en faisant une déclaration assez inhabituelle pour cet homme aux propos en général assez prudents. "Nous sommes confrontés à une crise pour notre survie", a-t-il affirmé lors d’une intervention devant un centre de réflexion bruxellois, le European Policy Center. "Nous devons tous travailler de concert afin de permettre à la zone euro de survivre. Car si la zone euro ne survit pas, l’Union européenne ne survivra pas non plus", a-t-il ajouté. La première année du traité de Lisbonne, entré en vigueur en décembre 2009, "a été marquée par la crise de la zone euro, c’était une période de survie et ce n’est pas encore terminé", a encore souligné le président du Conseil européen, dont le poste a été créé par le traité. Plutôt que l’Irlande, c’est le secteur bancaire, mis particulièrement en difficulté par l’éclatement de la bulle immobilière, qui devrait être mis sous perfusion. "Les banques irlandaises ont un vrai problème de financement", commente Bertrand Veraghaenne, chief economist à la Banque Transatlantique Belgium. Ce plan d’action rapide serait poussé par la Banque centrale européenne car elle redoute de graves répercussions sur le marché des emprunts d’Etat, selon des sources diplomatiques. Les inquiétudes sont d’ailleurs vives concernant une possible contagion de la crise irlandaise à des pays comme le Portugal, la Grèce ou l’Espagne, dont les taux d’emprunt à long terme ont également flambé la semaine dernière. Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a parlé d’un risque "élevé" que son pays doive aussi faire appel à l’aide de l’Europe. "Nous ne faisons pas face au problème d’un seul pays. C’est le problème de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande", a-t-il dit. La ministre de l’Economie espagnole, Elena Salgado, a quant à elle essayé de calmer les esprits en assurant mardi qu’il n’y avait "aucune raison" que son pays soit affecté par la situation de l’Irlande et du Portugal. Ces nouvelles craintes ont eu de multiples effets sur les marchés. Elles ont d’abord affaibli l’euro qui est tombé aux alentours de 1,35 dollar. Elles ont également fait baisser les indices boursiers avec des reculs de près de 2 % un peu partout en Europe. Enfin, elles ont relancé la ruée vers le papier obligataire le plus sûr, à savoir les emprunts d’Etat allemand et accru le sentiment de défiance vis-à-vis des emprunts de l’Irlande et des pays de l’Europe du sud. Pour Bertrand Veraghaenne, la correction boursière d’hier n’a rien d’étonnant. "Les marchés étaient devenus trop complaisants par rapport à la crise de la dette souveraine". Pour lui, les dégâts ne seront pas trop graves si la crise se limite à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande. Mais si le quatrième domino tombe, à savoir l’Espagne, "on ne pourra pas l’absorber", prévient-il. Pour lui, un éclatement de la zone euro dans les deux à trois prochaines années "n’est pas impossible". Il évalue ces risques entre 20 et 30 %.

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